Tout en haut du Grand Colombier, la vue est splendide. D’un regard, on embrasse la croix métallique de 16 mètres de haut qui inspira le Péril bleu, roman de science-fiction de Maurice Renard, le massif du Jura, la vallée de la Saône, le lac du Bourget et au loin, dans un ciel sans nuage, le Mont Blanc, majestueux, avec ses neiges éternelles de plus en plus clairsemées.
A quelques encablures du podium, on a eu tout le loisir de s’asseoir entre deux cailloux et de prendre le temps d’admirer le paysage. Malgré le 14 juillet et une ambiance en bord de route digne de l’Alpe d’Huez, avec un public très nombreux, déchaîné et imaginatif dans les déguisements (mention spéciale ce vendredi aux deux zigotos déguisés en radar routier), les leaders du général n’avaient pas envie de se faire trop la fête. Une vingtaine de courageux ont tenté de partir très tôt dans l’étape pour prendre le plus d’avance possible.
Gaudu, «à fond»
Au pied du sommet jurassien de 1 534 mètres d’altitude, seule difficulté de la journée, Quentin Pacher, Maxim Van Gils, Michal Kwiatkowski et les autres comptaient à peine quatre minutes d’avance. En cas de grande bataille entre les cadors, cela n’aurait pas suffi, mais ce vendredi, le Polonais d’Ineos-Grenadiers, Michal Kwiatkowski, a pu s’extirper rapidement et n’a jamais été rattrapé. A 33 ans, l’ancien champion du monde signe une victoire de prestige en haut d’un des sommets les plus durs de France, seulement à la carte de l’épreuve depuis 2012.
Du côté des leaders, comme souvent dans les étapes calmes sur la majeure partie et avec une longue montée finale, 17,4 kilomètres à 7,1 %, la sélection s’est faite par l’arrière. Très vite Ben O’Connor et Egan Bernal, en difficulté depuis le début du Tour, se firent distancer par un groupe mené par l’équipe de Tadej Pogacar, UAE Emirates. Plus surprenant, Romain Bardet craqua quelques minutes après. Globalement, les Français avaient le cœur dans la poche arrière : Thibaut Pinot et Guillaume Martin, fatigués de leur épopée de la veille, suivirent rapidement. David Gaudu fut le dernier à craquer. «Je n’explose pas mais je lâche à 2,5 kilomètres car je suis à fond. Je ne peux pas faire grand-chose de plus, je suis à 100 %. Ça monte trois crans au-dessus par rapport à Paris-Nice. C’est comme ça. Je ne suis pas abattu», expliquait à l’arrivée le leader de la Groupama-FDJ.
Coup de vent
A 500 mètres de l’arrivée, là où la pente se cabrait de nouveau, sous le bruit assourdissant des supporteurs tapant les barrières, Tadej Pogacar finit par attaquer violemment. Avec réussite : il grappille quatre secondes à Jonas Vingegaard dans cet ultime sprint, et quatre de plus grâce aux bonifications de la troisième place. Le Danois de la Jumbo-Visma conserve son maillot pour neuf secondes seulement, avant deux étapes monstrueuses dans les Alpes ce week-end.
Tandis que les héros du jour défilaient sur le podium et que de joyeux avinés hurlaient «Pogi ! Pogi !» et «Mais il est où, mais il est où Vingegaard, il est pas là !», Colette est venue s’asseoir à côté de nous., dans les hautes herbes. Récemment à la retraite, l’ancienne aide soignante a fait la montée à pieds. Elle est bien équipée, la rando, elle aime, elle est même déjà allée tout en haut du Mont Blanc. «Mais je le referais pas aujourd’hui», dit-elle. Jurassienne, elle regrette le temps où il y avait encore de la neige l’hiver, où il fallait parfois déblayer de trois ou quatre mètres devant la maison. Elle papote avec son accent du coin, elle est curieuse et enjouée. Elle est venue pour le chemin, pas pour s’extasier au passage des cyclistes. Le Tour, elle s’en fiche. On lui explique un peu les règles tout de même. Que des coureurs puissent arriver hors délais et être éliminés de la course la chagrine.
En ce moment, c’est la galère, elle a perdu «pas mal d’argent» et son logement. Elle a dû revenir vivre chez sa mère. Cet été, elle ne partira pas en vacances. Ses quatre filles et petits-enfants, qui vivent dans le Sud, ne viendront pas la voir. Elle dit, avec le sourire : «Oh, c’est comme ça. C’est la vie.» Un coup de vent. Sa casquette LCL jaune s’envole.
Mise à jour à 18 h 45 avec le récit de notre envoyé spécial.
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