La 110e édition du Tour de France s’élance samedi 1er juillet de Bilbao, dans la ferveur du Pays basque espagnol, avec comme principale interrogation l’état de forme de Tadej Pogacar, le seul à paraître en mesure de priver Jonas Vingegaard du doublé.
Si les rivalités font le sel de tout sport, la Grande Boucle est particulièrement bien servie cette année avec le duel que tout le monde attend entre le Slovène et le Danois. Vainqueurs des trois dernières éditions, ils évoluent un voire plusieurs crans au-dessus de la concurrence qui, sauf énorme surprise, se battra pour la troisième place.
De tous temps, le Tour de France a été transcendé par les grands mano a mano, Anquetil/Poulidor, Hinault/Lemond ou Schleck/Contador.
Le match entre Pogacar (vainqueur en 2020 et 2021, deuxième en 2022) et Vingegaard (deuxième en 2021, vainqueur en 2022) entre dans cette catégorie depuis leur formidable bataille l’année dernière dans le Galibier et le Granon, l’une des plus belles étapes de montagne de l’histoire de l’épreuve.
Samedi, on pourrait les retrouver au coude-à-coude d’entrée lors de la première étape la plus difficile de ces cinquante dernières années, selon Thierry Gouvenou, le traceur du parcours. De fait, avec ses 3300 mètres de dénivelé, les côtes de Vivero et de Pike en juges de paix, elle sera déjà un rendez-vous pour hommes forts. Des coureurs de classement général, mais aussi des puncheurs de la trempe de Mathieu van der Poel, Wout Van Art ou Julian Alaphilippe qui rêvent de se parer de jaune d’entrée.
30 cols, un record
La suite est à l’avenant. Avec 30 cols, un record, la traversée des cinq massifs de l’Hexagone et un seul contre-la-montre, de 22,4 km et en côte, le Tour 2023 est un appel du pied assumé aux grimpeurs.
Marie-Blanque, Aspin et Tourmalet dans les Pyrénées, le fantasmé Puy de Dôme dans le Massif Central, de retour 35 ans après, le Grand Colombier dans le Jura un 14 juillet, le col de la Loze dans les Alpes et une étape à cinq ascensions dans les Vosges à la veille de l’arrivée à Paris : c’est une orgie de montagne qui attend les coureurs.
Et les grimpeurs français comme David Gaudu, Romain Bardet et Thibaut Pinot, dont ce sera le dernier Tour, voudront en faire leur miel.
En l’absence de Geraint Thomas, Remco Evenepoel et Primoz Roglic, Gaudu et Bardet font partie des nombreux prétendants au podium, avec les Espagnols Enric Mas et Mikel Landa, les Australiens Ben O’Connor et Jay Hindley, les Sud-Américains Richard Carapaz et Daniel Martinez ou encore le Danois Mattias Skjelmose.
À l’étage au-dessus, les deux aigles s’épient déjà. « Jonas est le favori », insiste Pogacar qui s’applique, interview après interview, à coller l’encombrante étiquette sur les frêles épaules de son concurrent. « Je pourrais dire la même chose de lui », réplique Vingegaard, dont la capacité à résister à la pression du tenant du titre sera l’une des clés de ce Tour.
Cavendish pour dépasser Merckx
Mais la principale interrogation porte sur l’état de forme de Pogacar. Hormis une apparition victorieuse lors de Championnats de Slovénie de faible niveau, il n’a plus fait de courses depuis sa fracture au poignet lors de Liège-Bastogne-Liège le 23 avril, pendant que Vingegaard ratatinait la concurrence au Dauphiné.
Or comme le dit l’adage : rien ne remplace la course. Pogacar lui-même dit ne pas savoir dans quel état il sera. Dans le doute, le manager de son équipe UAE, Mauro Giannetti, a bombardé le Britannique Adam Yates en position de « co-leader ».
Rafal Majka, sherpa fidèle de Pogacar, ne se fait cependant pas de souci. « Il est jeune et tellement doué que je suis sûr qu’il répondra présent. Parfois, un peu de repos te rend même plus fort », dit-il.
Ce qui paraît acquis, c’est que Pogacar aura à son service une équipe mieux armée que l’an passé, alors que Vingegaard pourra toujours compter sur le 4×4 belge Wout Van Aert mais devra faire sans Primoz Roglic. « Pogacar va arriver avec zéro pression, ça le rend encore plus dangereux », tranche Mathieu Van der Poel.
Loin de la lutte pour le classement général, un enjeu historique servira de fil rouge à cette 110e édition où Mark Cavendish tentera de battre le record de victoires d’étape qu’il détient avec Eddy Merckx (34).
À 38 ans, le Britannique n’est plus le meilleur sprinteur du peloton, un statut que revendiquent Fabio Jakobsen, Jasper Philipsen et Dylan Groenewegen. Mais le « Cav » a promis de laisser sa peau sur le bitume pour entrer définitivement dans la légende du Tour.
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