Quelles sont vos impressions avant votre 18e Tour de France ?
« Pour être honnête, ce n’est plus tout à fait le même frisson que les premières années. Surtout que l’été s’annonce très chargé, avec le Tour féminin et les Championnats du monde de Glasgow début août, qui regroupe toutes les disciplines du vélo. »
Comment prépare-t-on un évènement comme la Grande Boucle ?
« Il n’y a pas de recette magique. Alexandre Pasteur, le commentateur numéro 1, a fait un gros travail de repérage avec notre réalisateur. Pour le Tour féminin, je connais très bien les deux dernières étapes. Ce n’est pas la même chose quand on est sur la moto. Mais j’ai la chance de bien connaître certains cols et de pouvoir faire certaines »recos » dans la voiture derrière les coureurs donc derrière c’est plus facile à l’antenne. »
Quel regard portez-vous sur le parcours du Tour masculin cette année ?
« Le parcours proposé, avec ce départ du Pays basque espagnol, est atypique. Il va falloir être prêt tout de suite. C’est un superbe terrain de jeu, taillé pour les hommes forts, même si d’un point de vue personnel, je trouve que ça manque peut-être d’arrivées au sommet. Mais je ne suis pas organisateur. »
Les coureurs emprunteront une nouvelle fois la route de l’Aspin puis celle du Tourmalet. Un grand classique du Tour qui n’a pas vraiment vos faveurs…
« Ce n’est pas mon col préféré mais je pense que je ne suis pas le seul. Comme le dit si bien David Gaudu, c’est le col le plus emblématique des Pyrénées mais c’est celui qui y ressemble le moins. Bien-sûr, c’est un col très dur mais sans beaucoup de charme. La route est très large, avec beaucoup de trafic et de lignes droites jusqu’à Barèges. On le compare souvent dans la légende du Tour au Galibier dans les Alpes, mais il est loin d’être aussi beau. »
Quels sont les cols que vous attendez le plus sur cette 110e édition ?
« Le col de la Loze risque encore d’en surprendre plus d’un. Il est très dur, avec des passages à 20%. Ce sera l’un des moments forts, comme en 2020. Le col du Grand Colombier est également sous-estimé. Après une longue étape, il peut s’avérer extrêmement délicat pour les coureurs. »
En parlant de col sous-estimé, il y a aussi le col de Joux-Plane, dernière difficulté de la 14e étape, la première d’une longue séquence alpestre…
« Il n’est pas très haut, ce n’est pas le plus long mais c’est un sacré chantier… Comme le dit si bien Cédric Vasseur (ancien coureur, consultant et désormais directeur sportif chez Cofidis, NDLR), »Joux-Plane vous brise. » Impossible d’en sortir indemne et gare aux coureurs qui le prendraient de haut… »
Comment vous êtes venus l’idée d’écrire un livre* sur ces cols qui font l’histoire du Tour de France ?
« J’ai eu la chance d’avoir suivi beaucoup de grands coureurs, en course ou lors de leurs reconnaissances. Cela m’a donné envie de grimper ces cols à mon tour, pour les voir autrement. J’ai proposé aux consultants de France télévisions de m’accompagner. Déjà, en 2004, on m’avait demandé de monter l’Alpe d’Huez pour aller à la rencontre des spectateurs. J’aime bien aussi monter seul, on se retrouve un peu face à soi même. L’idée du livre est venue comme ça, avec l’envie de partager mes coups de cœur, mes plus belles reconnaissances. L’objectif, c’est de donner envie aux gens de prendre leur vélo. »
Quels sont vos cols préférés ?
« C’est difficile de choisir, mais pour leur beauté, je dirai la Hourquette d’Ancizan (dans les Pyrénées) et le Col de la Cayolle (dans les Alpes du Sud). Des cols moins connus mais dont les paysages sont magnifiques. Il y a aussi le cirque de Troumouse, dont m’a parlé Martin Fourcade. Le Tour n’y est jamais passé, mais c’est un petit paradis sur terre. »
Et celui où vous avez le plus souffert ?
« Je dirai le col du Granon l’année dernière… Il faisait près de 35 degrés, j’avais grimpé le col Agnel le matin, où il n’y a aucune partie pour récupérer. Ça ne descend jamais sous les 9% … »
À la télévision, on peine à se rendre compte du dénivelé…
« Oui l’image écrase beaucoup malheureusement… J’en vois s’attaquer au Mont Ventoux en tongs et avec un peu de ventre. Avant de monter un col, il faut savoir rester humble. C’est pour cela que je précise bien le niveau de chaque ascension. Par exemple, le col d’Aspin fait partie de la légende du Tour mais il reste abordable. Il faut quand même avoir un ou deux mille kilomètres dans les jambes pour ne pas agoniser ! »
*Cols de légende, aux éditions Amphora, réédité en avril dernier (un tome 2 est également disponible)
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